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Chronique : Peggy Gou - “I Hear You”

La DJ et productrice sud-coréenne sort un premier album en forme d’hommage aux sonorités électroniques des années 90.

Après le revival Y2K, les industries culturelles occidentales entament un nouveau cycle en revisitant les années 90. On l’entend depuis le début de la décennie 2020 dans la musique électronique, avec le retour en force des sonorités trance et eurodance à travers des artistes comme Ki/Ki ou TDJ et une nouvelle vague de producteurs et productrices de techno-trance. Le timing est parfait pour Peggy Gou qui professe sur son premier album I Hear You son amour pour les années 90 de son enfance.

Née en 1991 à Ishun, dans la banlieue de Séoul, elle est envoyée à l’adolescence par ses parents à Londres pour suivre des études de stylisme. Elle décroche une rubrique dans le Harper’s Bazaar, un des magazines de référence dans le milieu de la mode. Mais elle aime aussi la musique (elle a appris le piano classique) et les night-clubs. Après des premiers DJ sets dans la capitale anglaise, elle file à Berlin en 2014 pour s’installer au cœur du réacteur de la techno. Peggy Gou garde des contacts à Londres et sort ses premiers maxis à partir de 2016 sur les labels Rekids, Phonica ou Ninja Tune, puis sa cote ne fait que monter dans le circuit berlinois – elle est la première Sud-Coréenne à mixer au Berghain, le saint des saints des clubs européens.

Déjà tête d’affiche des grands festivals, de Primavera à Coachella en passant par l’EDC Las Vegas, le meilleur endroit pour qui voudrait toucher le grand public américain, à la tête de son propre label Gudu Records depuis 2019, sur lequel elle avait sorti le hit Starry Night, un titre disco pop hanté en coréen, et de sa marque de merchandising, Peggy Goods, Peggy Gou a pris une dimension mainstream en 2023 avec son titre (It Goes Like) Nanana, qui a cumulé les certifications or et platine partout dans le monde occidental – élu Best Dance Track de l’année par la BBC.

Preuve de son nouveau statut sur la scène, le deuxième single tiré de I Hear You, I Believe in Love Again, est un featuring avec la superstar de la pop américaine Lenny Kravitz, une collaboration qui fait penser aux duos dont la pop était friande pendant les années 90. Le morceau ne cache pas ses références, au point de ressembler à une version ralentie du tube Show Me Love de Robin S, sorti en 1993, probablement à cause de l’utilisation du fameux synthé Korg M1 Org-Bass, à la base de tant de tubes de cette période (Push the Feeling On de Nightcrawlers en tête).

Peggy Gou rend hommage à une musique qui « l’a aidée dans des moments difficiles de sa vie » pendant la pandémie, et dont elle a décidé de faire le coeur de son projet. « La musique des années 90 a des patterns récurrents mais qui ne sont jamais ennuyeux », dit-elle dans le texte qui accompagne l’album. « Les paroles envoient toujours un message simple mais puissant. Tu l’écoutes une fois et tu ne l’oublies pas. »

C’est le cas de plusieurs titres de cet album d’une naïveté assumée, comme I Go, sur lequel elle chante avec ce côté lancinant et hypnotique façon synthpop 90′s là encore, de Back to One, qui possède ce subversif feeling rétro, presque exotica, sans oublier le troisième single aux tons trancey 1+1=11, encore un hook qui clôture un premier album à thème tout à fait cohérent.