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Interview vidéo DIIV : « On est allés au bout, jusqu’à ne plus avoir le temps de sortir ce disque »

Les shoegazers américains ouvrent leurs horizons dans « Frog in Boiling Water », un impeccable quatrième disque à la gestation compliquée. Rencontre.

DIIV - 2024

On a bien failli les perdre mais Zachary Cole Smith, Andrew Bailey, Ben Newman et Colin Caulfield sont toujours là. D’accord sur pas grand-chose, les New-Yorkais n’ont jamais autant conscientisé et disséqué leur son. S’inspirant d’abord de playlists remplies de sludge, doom metal, krautrock et musiques électroniques, dans le prolongement du précédent Deceiver (2019), puis s’en éloignant complètement, expérimentant à peu près tout dans une maison perdue dans le désert californien de Mojave, en repartant avec pas grand-chose, le quatuor a écumé les pistes et les impasses. Dans sa quête du disque parfait, DIIV s’est heurté, après un peu plus de dix ans d’existence, à ses propres divergences. A s’échiner à vouloir contenter chacun, à chercher la perfection, le groupe était prêt à tout envoyer valser, avant de se reprendre. C’est le temps, celui qui manquait, qui les a aidés, les poussant dans leurs retranchements et les forçant à prendre des décisions.

Le son DIIV pourrait être discuté pendant des heures, mais il ne s’explique pas, il se ressent. Eux-mêmes préfèrent parler de textures sonores ou de couleurs contraires pour le décrire. Leur second disque, Is This Is Are (2016), est rouge pour le guitariste Andrew Bailey, mais gris pour le bassiste Colin Caulfield et rose pour Zachary Cole Smith. Frog in Boiling Water les met d’accord : rouge, noir et blanc.

Avec lui, ils concrétisent leur volonté commune de donner un sens à DIIV, de contribuer à la société, sans prétention. En parallèle de sa sortie, ils ont lancé soul-net.com, un site internet drôle mais creepy qui donne corps et prolonge, sur scène comme sur le web, les thématiques du disque, à savoir le capitalisme et l’abrutissement des masses facilité par les fake news ou le complotisme en ligne. Le titre, lorsque l’on creuse un peu, est déjà un avertissement. Une vieille fable dit que les grenouilles se laissent volontiers ébouillanter si l’on monte la température de l’eau petit à petit. Au grand complet, les DIIV racontent comment, ensemble, ils ont réussi à se réinventer sans se trahir.