Music News

Francos 2024, des hommages, la relève, le rock'n'roll...

La 35e édition des Francos de Montréal en était une mémorable! D’abord par ses grands moments soulignant le départ récent de deux grands artistes, Jean-Pierre Ferland (le 27 avril dernier) et Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants, en novembre passé. On y a aussi vu la relève chez les auteurs-compositeurs d’ici, ainsi que constaté que non, oh non!, le rock’n’roll n’est pas mort!

Voici d’abord la liste de lecture des artistes au programme, en ce début d’été 2024.

Merci Jean-Pierre!

Le patriarche, qui aurait fêté ses 90 ans le 24 juin, a eu droit à une soirée entièrement dédiée à son œuvre, gratuitement sur la Place des Festivals. Par un magnifique, mais chaud, vendredi soir, les artistes d’hier et d’aujourd’hui ont défilé sur la scène pour lui rendre hommage en reprenant chacun un titre de l’imposante discographie de Ferland. Sous la direction musicale d’Ariane Moffatt, on a pu apprécier les versions de Le plus beau slow par Patrice Michaud et Écoute pas ça, par Vincent Vallières, tous deux très émus, les yeux brillants. Le band Karkwa (aussi à l’honneur un autre soir) a livré une performance inspirée avec la dramatique Le chat du café des artistes.

Michaud, Vallières et Louis-Jean Cormier se sont retrouvés pour une dynamique version d’Enweille à maison, alors que Marie-Denise Pelletier, toute en voix, a présenté l’une des chansons préférées de Ferland, Avant que je me taise. C’est celle-là qu’il voulait qu’on chante à son décès, avait-il confié en entrevue avec André Robitaille, il y a quelques années.

Parlant de voix, la conjointe de Jean-Pierre des 16 dernières années, Julie Anne Saumur, a livré toute une performance avec Un peu plus haut, un peu plus loin, qui a galvanisé la foule. Bien entourée par ses amies musiciennes, l’artiste a ému plusieurs dizaines de milliers de personnes, impressionnées par son coffre (rappelons qu’elle se mesurait à la version de Ginette Reno!) et la maîtrise de ses émotions.

Hubert Lenoir est venu faire le bordel comme il sait bien le faire, avec Si on s’y mettait, qui faisait déjà partie de son répertoire, autant sur scène que sur son album « Darlène », alors que la foule a pu apprécier le talent de l’artiste autochtone Soleil Launière, qui a interprété Y a des jours, accompagnée de Moffatt.

L’humoriste et musicien Adib Alkalidey a livré un charmant et touchant monologue sur sa perception de l’oeuvre de Ferland pour lui, fils d’immigrants né au Québec. Il a raconté comme il était touché par plusieurs de ses chansons, qui, universelles, dépassent le rayonnement local.

Lâchez pas, les Cowboys!

Le spectre de Karl Tremblay planait également sur cette 35e édition des Francos. Marie-Annick Lépine, veuve du regretté artiste et mère de ses enfants, a inauguré le festival avec un concert solo mettant en lumière ses propres compositions (elle a sorti trois albums solo en 2007, 2016 et 2021). Jean-François Pauzé, le principal auteur-compositeur des Cowboys Fringants, l’a rejointe pour quelques morceaux, suscitant l’enthousiasme du public.

Lépine, Pauzé et le bassiste Jérôme Dupras ont également rejoint Les Trois Accords lors de leur soirée sur la grande scène extérieure, offrant quelques chansons mémorables. Nous leur souhaitons de nouveaux projets et une suite à cette aventure musicale exceptionnelle.

Le Roi, La Rose et Le Lou(p) : les talents d’aujourd’hui et demain

Complices sur scène comme dans la vie, Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose et Ariane Roy ont uni leurs talents et répertoires respectifs pour monter un grand concert avec pas moins de 7 musiciens, au MTelus, le samedi 15 juin dernier. À entendre la foule chanter, danser et s’éclater aux chansons des trois artistes, il est clair qu’on a ici affaire à des musiciens qui vont prendre une place importante dans le coeur collectif québécois dans les prochaines années. Ce sont d’ailleurs les trois plus récents récipiendaires du prix Félix-Leclerc : ils ont fait la surprise à Lou-Adriane à la fin du concert, sur la scène du MTelus!

Les succès, bientôt des classiques!, des trois artistes se sont succédés à un rythme d’enfer, ne laissant place à aucun temps mort. Notons Les Amants de Pompéi, Fille à porter, Entre mes jambes, Réponds, Ça va ça va, Kundah… et la chanson titre de leur concept.

Leur connexion avec le public âgé d’environ 18 à 25 ans est puissante et authentique. Le MTelus chantait chacune des chansons des 3 amis à tue-tête, comme s’il s’agissait de classiques maintes fois entendus. C’est impressionnant lorsqu’on pense que chacun n’a que deux albums (parfois même un EP) à son actif!

Très très prometteurs.

En première partie, la jeune folk singer Arielle Soucy, véritable révélation de l’année 2023, a offert une performance audacieuse dans une grande salle comme le MTelus. Accompagnée de deux choristes et de sa guitare sèche, Soucy et ses acolytes chantaient presque a cappella devant une salle plus ou moins attentive, faute d’une sono capable de rendre justice à leur art. Un seul micro captait les sons des trois courageuses jeunes femmes. Les chanceux et chanceuses qui étaient bien en avant ont pu savourer les chants anciens d’Arielle Soucy. À revoir dans une plus petite salle comme le Studio TD ou le Gésù.

Non, le rock n’est pas mort! Les Breastfeeders sont ressuscités!

Quelle performance coup de poing! Le sextuor garage-punk-yéyé Les Breastfeeders a célébré ses 25 ans sans avoir pris une ride, aux Foufounes Électriques le samedi 22 juin. En grande forme, leur leader Luc Brien était loquace et drôle. Leur nouvelle chanteuse, Karine Roxane Isabel, a passé le test haut la main en remplaçant Suzie McLelove qui a quitté le groupe très récemment. Les fans l’ont accepté dès son interprétation de Pas sans saveur. Quand Funny funiculaire a suivi, la glace était cassée, et le party a re-pogné. Plus tard, elle a totalement assumé Fille dans la vitrine. Vraiment, l’intégration est totale.

Alors que le fidèle Joe Gagné est toujours aussi solide à la basse, c’est David Deïas (Mystic Motorcycles et Yardlets) qui se retrouve à la guitare lead et Maxime Hébert (The High Dials, Beat Cops et plusieurs autres) à la batterie. Le batteur original du groupe, parmi les 14 qui se sont succédé au fil des ans, est venu jouer un morceau mais le guitariste des débuts, Sunny Duval, n’a pu se joindre, étant en tournée. Étienne Barry, des Deuxluxes, est venu jouer plusieurs titres aux claviers. Il est aussi l’auteur des plus récentes photos promotionnelles de la formation.

Et que dire de l’animal Johnny Maldoror! Armé d’un simple tambourin, cette bête de scène énigmatique regorge d’énergie et fait tourner les têtes constamment, grâce à la fascination qu’il suscite chez les fans du groupe. C’est le côté givré d’un band déjà pas mal spécial! On souhaite un autre 25 ans à cet excellent groupe, qu’il faut avoir vu sur scène pour comprendre à quel point leur rock est efficace!

Suivez le compte Qobuz Québec sur Instagram pour ne rien manquer de notre couverture aux festivals cet été!

Photos et vidéos par Nicolas Pelletier, tous droits réservés.


À lire également

- Entrevue avec Luc Brien, des Breastfeeders (par Stéphane Plante)

- Robert Charlebois, le tour de la chanson québécoise en 80 ans (par Stéphane Plante)

- Ce qu’on a retenu de mai 2024, au Québec (par Suzie Veilleux)