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Le Festival NUITS D’AFRIQUE, une tangible expression du vivre-ensemble

Cela fait environ 20 ans que j’ai la chance de couvrir le Festival International Nuits d’Afrique, et chaque année, je fais le même constat : voilà l’événement le plus chaleureux de l’été montréalais ! Le public est toujours enthousiaste, avide de découvertes, prêt à danser, toujours souriant avec son voisin, qu’il vienne de St-Lambert ou du quartier St-Michel. C’est vraiment génial ! La musique, la danse et les rythmes entraînants offrent une tangible expression du vivre-ensemble. Aux Nuits d’Afrique, on trippe ensemble !

Plusieurs concerts m’ont vraiment beaucoup plu lors de cette 38e édition. Voici quelques mots, photos et parfois vidéos sur les artistes dont je garderai un excellent souvenir. (PS : suivez le compte Instagram de Qobuz Québec pour davantage de contenus en concert !).

QUEEN OMEGA / L’ENTOURLOOP

MTelus, samedi 13 juillet 2024

Si le groupe français intergénérationnel avait d’abord capté mon attention et ma curiosité, c’est la grande chanteuse de reggae Queen Omega qui m’a épaté dès le départ ! Cette femme a littéralement habité le MTelus de sa puissante voix soul alors que ses acolytes les Royal Souls nous faisaient bouger sur des rythmes reggae entraînants. Une présence magnétique, une maîtrise vocale impressionnante et une aisance sur scène qui font d’elle mon moment WOW du festival !

L’Entourloop n’a pas déçu lors de ce programme double, le samedi 13 juillet ! Un concert conceptuel où la vidéo ajoutait une dimension enrichissante, que ce soit par des animations assez rigolotes ou en faisant défiler les paroles (en créole, par moments) en parfaite synchronisation avec la musique ! Les deux papis aux platines s’assument et s’amusent comme des p’tits jeunots, l’un d’eux montant sur la table de mix, balançant sa canne en l’air, alors qu’un trompettiste et deux rappeurs s’occupaient de la foule ! Ils manquent peut-être de quelques gros tubes pour atteindre, disons, le niveau d’un Thievery Corporation, mais les bons beats étaient là et la scénarisation était top !

ZAR ÉLECTRIK

Scène extérieure, 17 juillet 2024

Ce trio de Marseille définit sa musique comme un ralliement de musique gnaoua, de sonorités subsahariennes et de beats électros qui ont fait entrer en transe le public du FINA par une belle soirée d’été.

Sur une scène extérieure, le trio nous a présenté le gnaoua. Ce style musical provenant du Maroc puise ses racines chez les descendants d’esclaves d’Afrique subsaharienne, regroupés au sein de confréries mystiques musulmanes où la transe tient une place essentielle. Ce genre musical se situe à la croisée des influences berbères, notamment des Touaregs, des traditions religieuses et musicales d’Afrique subsaharienne et de l’Islam, intégrant ainsi leurs instruments et pratiques de transe.

« Chez nous, en Afrique, il n’y a pas de psychologues. Nous, quand ça ne va pas bien, on va danser dans le désert, faire de la musique, se défouler. Ça fait du bien. »

- Anass Zine, de Zar Electrik

Les chanteurs-instrumentistes Anass Zine, aussi au gumbri et à l’oud, et Arthur Peneau, à la kora électrique, bâtissent des mélodies hypnotiques sur les beats du DJ Did Miosine nous faisant vivre un trip unique et grisant ! C’était vraiment beau de les voir se perdre dans leur propre musique, et de voir la foule se laisser aller sans retenue, dans cette transe bienfaitrice.

KIRA

Club Balattou, 9 juillet 2024

Le fils de Manu Chao attire l’attention et la curiosité du simple fait que l’on connaît (et apprécie) la musique de son père, véritable légende vivante, meneur de la Mano Negra et ayant connu un succès mondial au début des années 2000, en solo.

Kirá, quant à lui, a grandi au Brésil. Ses influences musicales sont ainsi beaucoup moins hispaniques et punk que celles de son paternel, et beaucoup plus ancrées dans le Nordeste, cette région qui nous a donné tant d’excellents musiciens, et le Forró. Le jeune homme dans la vingtaine se balade entre différents styles, qu’il nous présente : Baião, Maracatu, Carimbó, Pisadinha, Pagodão Baiano, et autres genres plus traditionnels comme la salsa, la cumbia et le boléro. S’exprimant surtout en portugais (et dans un anglais approximatif), le jeune musicien et son groupe ont démontré une belle aisance sur scène et vont certainement continuer à se développer dans les années à venir.

« Je suis privilégié du fait que [mon père est célèbre]. Sans ça, je ne serais pas au Canada », reconnaît le jeune musicien au journaliste de La Presse Alexandre Vigneault la semaine dernière. « J’essaie d’être moi-même, dit-il simplement, et de faire mes propres affaires. »

Lien de l’article dans La Presse


DEF MAMA DEF

Le Ministère, jeudi 11 juillet 2024

Ces deux dynamiques Sénégalaises ne passent pas inaperçues ! Vêtues de vêtements moulants mauves, dansant dans tous les sens, chantant à tour de rôle ou en dialoguant, les deux amies de longue date s’arrangent pour garder l’attention du public ! Defa et Mamy Victory, entourées d’un DJ masqué et d’un batteur, rappent, chantent, dansent et rigolent beaucoup, ensemble et avec le public ! Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, elles donnent tout un spectacle.

IBIBIO SOUND MACHINE

Théâtre Fairmount, jeudi 18 juillet 2024

J’avais hâte d’enfin voir cette sensation électro pop anglo-nigériane qui avait fait la une lors de la sortie de leur second album, Uyai, en 2017 (écouter ici). C’est avec un certain étonnement que j’ai plutôt découvert un groupe funk de haut niveau, qui fait bouger et groover, grâce à un bassiste funky, un guitariste électrique bien présent et une section de cuivres omniprésente.

Passé la surprise du style musical, on a pu apprécier la profondeur et la couleur de la voix d’Eno Williams, superbement vêtue dans une grande robe bleue scintillante. Un excellent concert, mais dans un style qui m’a un peu pris de court, vu la signature très électronique de leurs albums.

SIA TOLNO

Balattou, dimanche 21 juillet 2024

La chanteuse Sia Tolno porte une lourde histoire. Elle a vécu, survécu, à la guerre du Sierra Leone où elle a grandi. Dans certaines chansons et interventions, elle raconte l’horreur, la tristesse, la mort. Mais Sia Tolno est aussi souriante, heureuse d’être sur scène, de chanter, de partager un moment avec les Montréalais qu’elle découvre une première fois. Elle sourit, danse et a du plaisir avec son band! La résilience, la résistance, la vie devant!

MONEKA ARABIC JAZZ

Scène extérieure, mercredi 17 juillet 2024

Cette dynamique formation irako-ontarienne regroupe des instrumentistes de différents horizons et propose un métissage fort agréable ! Une des belles surprises vécues sur les scènes extérieures.

ATHENEA Y SU CANDELA

Scène extérieure, mercredi 17 juillet 2024

Elle a tous les talents, cette jeune femme ! Elle chante bien, danse bien, anime bien la scène, touche les percussions, et s’affiche d’un rouge flamboyant, des cheveux aux talons ! Athena Y Su Candela est le plus récent projet de la compositrice et danseuse cubaine Mélanie Fowler, qui pilote également Q’bolà Orchestra.

À écouter : les albums des artistes en vedette

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