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Les albums de l’été 2024 à ne pas manquer

La rédaction de Qobuz repère pour vous les sorties de l’été qu’il ne fallait pas louper, dans tous les genres.

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BLUES/COUNTRY/FOLK (Stéphane Deschamps)

Cet été, c’était plutôt mer ou montagne ? Au choix, mais toujours sous le ciel sans nuages du nouvel album de Sturgill Simpson, le countryman contemporain qui se présente désormais sous le nom de Johnny Blue Skies et met doucement sa musique au goût du jour, avec des effets et des arrangements qui lui ouvrent un horizon pop. LaMontagne, Ray de son prénom, fut une belle surprise de l’été avec un Long Way Home rétro mais pas trop, tout en flanelle soul-folk qui gratte. Pour rester dans la soul et y passer la journée comme en vacances, il faut absolument écouter le bien nommé Leisure de Quinn Deveaux : un concentré de bonnes vibrations country soul glanées entre Nashville, Memphis et La Nouvelle-Orléans. Et le cousin sympa qui s’invite pour les vacances, c’est Jontavious Willis, bluesman néo-trad dont le West Georgia Blues est à la fois très respectueux des traditions et totalement frais et épanoui. Plus doux-amer est le retour du regretté Justin Townes Earle, mort en 2020 et dont la compilation All In rassemble des morceaux rares autant qu’indispensables. Dans le même style, traditionnel mais libre, ne pas rater les nouveaux albums de Jake Xerxes Fussell (When I’m Called) et Gillian Welch & David Rawlings (Woodland Studios).

CHANSON FRANÇAISE (Nicolas Magenham)

L’un des moments les plus marquants de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris fut sans conteste la prestation de Philippe Katerine en Dionysos peint en bleu, délivrant un message de paix à travers les louanges de la nudité : « Où cacher un revolver quand on est tout nu ? » Le single a été commercialisé dès le lendemain et s’appelle tout simplement Nu. Quelques jours plus tôt, c’est de manière plus confidentielle qu’est sorti Remède, le premier album d’Anaïs MVA, une artiste touchante et sincère découverte sur TikTok et formée au conservatoire. Sur des tempos lents et de belles mélodies, elle aborde des thèmes aussi variés que la jalousie et le trouble du comportement alimentaire.

Le label La Souterraine se définit comme un « labo d’observation de l’underground musical français » et a déjà sorti un certain nombre de compilations qui mettent en lumière des artistes peu ou pas diffusés. Inépuisable est le premier volume d’un nouveau type de compilations, plus courtes et plus denses. On peut y entendre l’une des chansons-concepts du Normand Brume Parole ou bien l’extrait du futur album des « Parisiens chill » de Jaseur. Toujours dans la catégorie « compile estivale », citons Molitor24, 3e opus d’une série entamée en 2019. Au programme : un casting éclectique composé de 15 artistes inspirés par la bossa-nova, l’électro ou l’hyperpop. Les vacances se terminent en douceur dans l’intimité d’un live d’Arthur Teboul, le chanteur du groupe Feu! Chatterton. Accompagné ici du pianiste de jazz Baptiste Trotignon, il a sélectionné une dizaine de classiques de la chanson française (de Nino Ferrer à Barbara en passant par Serge Gainsbourg), que le duo reprend avec finesse et sensibilité (Piano-voix).

CLASSIQUE (Pierre Lamy)

En juillet, deux des plus grandes sopranos du moment, Nadine Sierra et Pretty Yende, se donnaient rendez-vous pour un sublime récital en duo avec l’orchestre des Frivolités Parisiennes. Enregistré en 2023 lors d’un concert d’anthologie, l’album paru chez Deutsche Grammophon fait la démonstration de toutes leurs capacités vocales, et s’enrichit ici dans sa version digitale de cinq titres empruntés au monde du cinéma (Diamants sur canapé, La Mélodie du bonheur, Casablanca…). De retour de vacances, les juillettistes auront sans aucun doute rattrapé leur retard en écoutant notre dernier Qobuzissime classique, splendide récital de la jeune violoniste singapourienne Chloe Chua et son audacieux programme croisé autour des Amants papillons de Chen Gang et du Concerto pour violon n°1 de Paganini.

Début août, l’ensemble britannique La Serenissima et son fondateur Adrian Chandler nous ont séduits avec Vivaldi², florilège de concertos pour deux instruments de l’auteur des Quatre Saisons, un album élégant loin des extravagances qui émaillent trop souvent les interprétations de ce genre de répertoire. Séquence émotion avec l’album posthume du regretté Ryuichi Sakamoto, emporté en 2023 par un cancer. Au soir de sa vie, le compositeur japonais enregistrait Opus, album testamentaire, constitué de 20 ballades néoclassiques pour piano. Ce disque bouleversant est « à écouter dans le calme, dans le sillage de sa propre méditation existentielle ».

Certains d’entre vous auront peut-être passé les fêtes du 15 août avec l’un des albums les plus attendus de l’été : le jeune prodige Klaus Mäkelä à la tête du Philharmonique d’Oslo signe son grand retour en force en ouvrant un nouveau cycle après son intégrale Sibelius. C’est sur Chostakovitch et ses Symphonies 4 à 6 que le chef finlandais a jeté son dévolu, qu’il présente ici dans des versions sidérantes de jeux et timbres variés. Le 23 août, François Lazarevitch et son ensemble Les Musiciens de Saint-Julien proposaient chez Alpha Classics un programme Mozart avec les Concertos pour flûte K 314 et 315, et le mythique Concerto pour flûte et harpe K.299. Lazarevitch et ses musiciens nous en proposent une version sublimée par le timbre des instruments d’époque. Enfin, côté musique sacrée, on pourra clôturer l’été avec Hervé Niquet et son Concert Spirituel autour du Requiem de Fauré, donné ici dans une version intimiste propice au recueillement.

ELECTRONIQUE (Smaël Bouaici)

Début juillet, Kiasmos, le duo composé de Janus Rasmussen, DJ et producteur originaire des Îles Féroé basé à Reykjavik, et le musicien tout terrain islandais Ólafur Arnalds, a enfin sorti son second essai, II, un nouveau magnifique album de techno mélodique. Autre collab plus inattendue, James Blake a sorti un EP barré et baroque avec Lil Yachty, Bad Cameo, ouvrant une faille vers l’hyperrap. Deux disques à écouter attentivement ensuite : celui d’Alva Noto, musicien électronique allemand fureteur qui faisait des merveilles avec feu Ryūichi Sakamoto, qui donne une suite à sa série HYbr:ID, « des paysages sonores méditatifs qui tirent leur inspiration du nô » ; et celui du producteur américain Jeff Mills, qui explore les traumatismes et leurs conséquences sur The Eye Witness, un album « créé pour inspirer un antidote pour protéger notre santé mentale ».

Un disque à écouter plus légèrement après ça : le Mobius Morphosis de JB Dunckel de Air, qui sert justement des musiques 100 % éthériques pour le spectacle aérien Möbius de Rachid Ouramdane. Pour le dancefloor, on se dirigera plutôt vers la compilation DJ-Kicks de l’Australien DJ Boring, qui signe un mix à la fois érudit et funky. Ou sur la compilation Vintage Deep House, qui porte parfaitement son nom et distille des exercices de styles autour de la deep house du début des 90′s, revenue au goût du jour et aux grooves toujours irrésistibles, surtout avec un mastering massif comme ici. A noter aussi, l’album Total Blue du trio de Los Angeles Total Blue, qui signe la BO d’une virée le long des plages californiennes avec cet album entre ambient, exotica et house un brin mystique. Enfin, si vous voulez prendre un peu d’avance sur la hype, jetez une oreille sur l’album de Julia-Sophie, Forgive Too Slow, une pop-rock électronique saisissante et intense comme il faut déjà validée par Pitchfork.

ROCK & ALTERNATIF (Charlotte Saintoin)

Les feuilles rousses s’amassent au sol et les voitures au feu rouge, mais pensons à l’été plutôt qu’à la rentrée. Sous la canicule, le songwriter américain Bill Callahan a eu l’excellente idée de nous calfeutrer dans l’obscurité avec Resuscitate!, un live sublime où son dernier-né YTI⅃AƎЯ prend des courbures jazz. Conseil : filer illico l’applaudir au Café de la Danse de Paris, le 17 septembre. L’avant-gardiste Laurie Anderson raconte, elle, l’ultime vol de l’aviatrice Amelia Earhart dans l’émouvant Amelia. A paraître chez Nonesuch, cette version cinématographique de sa pièce orchestrale créée en 2000 vibre par son mastering à tomber par terre.

Les Australiens barrés King Gizzard & The Lizard Wizard ont enfin sorti leur disque de classic rock. Il aura tout de même fallu attendre 26 albums… Jack White remet la main sur ses riffs gagnants avec No Name, retour à l’essence blues des White Stripes. Fontaines D.C. poursuit son irrésistible ascension en édulcorant sa formule post-punk dans Romance, un quatrième disque au romantisme 2.0. Côté découvertes, il faut écouter le prometteur The Future Is Our Way Out du quintet de Chicago Brigitte Calls Me Baby, portrait craché des Smiths mais pas que. A ne pas louper aussi, l’arrivée en streaming de l’Acoustic Hits des Cure et la réédition du mystérieux The Moon and the Melodies du pianiste ambient Harold Budd et Robin Guthrie de Cocteau Twins. On termine en beauté avec Wild God, suite directe du céleste Ghosteen, où Nick Cave a trouvé la joie. L’ancien prince des ténèbres irradie au milieu des chœurs et use même du vocodeur.

JAZZ (Stéphane Ollivier)

Dans le foisonnement de sorties programmées cet été, deux albums sortent du lot, plaçant très haut le curseur en termes d’ambition et de qualité. Le nouveau disque de Meshell Ndegeocello No More Water: The Gospel of James Baldwin dans lequel la chanteuse, bassiste et productrice afro-américaine se projette dans l’œuvre protéiforme de l’écrivain américain, noir et homosexuel James Baldwin pour interroger ses propres quêtes identitaires ; et Milton +Esperanza, magistrale collaboration entre le légendaire Milton Nascimento et la bassiste, chanteuse et compositrice Esperanza Spalding revivifiant une nouvelle fois les affinités électives entre le jazz et les traditions brésiliennes. Dans des registres très différents, le guitariste Pat Metheny et le batteur Mark Guiliana s’essaient à l’exercice du solo – le premier avec MoonDial sur un mode intimiste et profondément élégiaque ; le second aux commandes d’un petit orchestre virtuel composé d’instruments les plus divers, inventant avec MARK un univers beaucoup plus expérimental et définitivement singulier.

Expérimental également et défiant toute catégorisation, le nouveau projet de Tigran Hamasyan The Bird of a Thousand Voices apparaît comme une sorte de manifeste aussi poétique que politique dans lequel le pianiste et compositeur arménien rend un hommage vibrant et très personnel à la richesse culturelle de son pays. Dans une esthétique hybride mêlant jazz moderne et traditions latines, le saxophoniste et compositeur d’origine portoricaine Miguel Zenón signe avec Golden City une magnifique fresque orchestrale célébrant les différentes vagues d’immigration ayant donné son identité à San Francisco. Marqué également par la latinité et tout aussi capiteux et ambitieux sur le plan orchestral, Twentyfour offre au guitariste virtuose Al Di Meola l’occasion d’explorer en 15 pièces toutes les dimensions de son style baroque et « fusionnel ». Toujours aussi prolifique, le batteur allemand Wolfgang Haffner se recentre dans Life Rhythm sur son instrument de prédilection, proposant à la tête de son quintet une véritable orgie de rythmes.

Aux antipodes, le « jazz de chambre » très intériorisé proposé dans Outpost of Dreams par la grande chanteuse britannique Norma Winstone accompagnée du pianiste Kit Downes embarque dans des humeurs oniriques hautement raffinées. On s’arrêtera également sur deux documents exceptionnels : l’album d’inédits de Sun Ra consacrés à la reprise de thèmes de films de Walt Disney (Pink Elephants on Parade) ainsi que l’édition pour la première fois sous forme de disque de l’ultime concert donné en juillet 1968 dans les studios londoniens de la BBC par le génial trompettiste Louis Armstrong. Last but not least, on se délectera avec Celebration vol.1 de la publication d’un concert inédit exceptionnel du fameux quartet de Wayne Shorter donné à Stockholm en 2014, prélude à une série de documents sélectionnés par le saxophoniste en personne l’année précédant sa mort en vue d’une publication posthume.

WORLD (Stéphane Deschamps)

En cet été 2024 (et ça vaut aussi pour l’année entière), les sorties d’albums de « musiques du monde » se font de plus en plus discrètes. Pas ou peu de grosses sorties cet été, à part celle, définitive et regrettable, de l’immense musicien malien Toumani Diabaté. Cette légende de la kora nous a donc quittés prématurément, il rejoint Ali Farka Touré au pays des souvenirs et d’un âge d’or de la musique ouest-africaine. Et puis, en vrac et dans le désordre, on fond pour le premier album studio du griot ougandais Ekuka Morris Sirikiti, qui crée hypnose et hallucinations avec son piano à pouces et sa voix lancinante. Il est un peu le cousin et l’ancêtre de Kokoko!, ce collectif de Kinshasa trash et techno, toujours aussi efficace sur l’album Butu. Sur le continent américain, c’est le grand écart entre l’afro-cumbia foldingue des Colombiens Meridian Brothers et le classicisme de la vénérable chanteuse brésilienne Alaide Costa. A 88 ans, cette légende de la MPB et pionnière de la bossa sort un nouvel album aux arrangements vénéneux. Et pour finir, direction le Moyen-Orient et au-delà, avec le nouvel album du groupe israélien Sababa 5 et de sa chanteuse (et danseuse du ventre) japonaise Yurika Hanashima. Ils recréent l’ambiance tradi-psyché et très cinématographique des années 60 et 70 orientales, avec une irrésistible touche japonaise. Pour découvrir une des influences de Sababa 5, c’est vers la compilation Sounds of Yemen de Aharon Amram que ça se passe. Et que ça se passe bien.

ROCK/METAL (Chief Brody)

L’été 2024 n’aura pas été le plus ensoleillé de la création. Une ambiance par moments pluvieuse qui aura fait les affaires des black-metalleux hexagonaux de Seth. La France des Maudits, œuvre qui sent la guillotine et la révolution, a quelque part préparé le terrain à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques avant le passage de Gojira. De son côté, Deep Purple refuse de vieillir. Son =1 est le premier album enregistré avec son nouveau guitariste Simon McBride et semble renouer avec une vraie vibration d’antan. S’il est plus jeune que Deep Purple, Orange Goblin (bientôt 30 ans au compteur malgré tout) aime toujours autant les sons vintage et le stoner qui défouraille. Son Science, Not Fiction débarque pour replacer une grosse dose de metal bien crade dans les pattes d’éph’. Ne manquait que le supergroupe de l’année. Réunissez des membres d’Exodus et Overkill autour du chanteur John Bush (Armored Saint, ex-Anthrax) et du guitariste Phil Demmel (Vio-lence, Machine Head, Kerry King…) et vous obtenez un pur album de thrash comme on les aime. Si vous préférez donner un côté bluesy seventies à votre été, c’est du côté du nouveau Blues Pills qu’il faut se tourner. Birthday a tout ce qu’il faut pour replonger dans cette époque bénie. Les adeptes de progressif auront attendu avec ferveur le Melodies of Atonement de Leprous. Le groupe norvégien prouve une fois encore que maîtriser les parties vocales et l’équilibre entre les guitares et les sons de synthés, ça ne s’improvise pas. Enfin, parce qu’il ne fait rien comme les autres, Zeal & Ardor a décidé cette fois de livrer un disque qualifié d’hybride, sur lequel on retrouve plus de musiciens qu’à l’accoutumée. Greif abrite des sonorités à la fois plus douces et des ambiances plus alternatives et moins black metal. Mais quelle réussite, encore une fois.

REGGAE (Smaël Bouaici)

Deux dancehall queens se sont fait remarquer cet été avec leurs nouveaux albums solos : la Jamaïcaine Spice, qui sort un Mirror 25 rempli de guests de choix comme Ky-Mani Marley, Busta Rhymes ou Jada Kingdom, et la Londonienne Stefflon Don qui sort avec Island 54 un disque de crossover comme elle en a l’habitude désormais entre dancehall, hip hop et afrobeats. Le label français culte de reggae créé par Guillaume Bougard Tabou 1 se distingue aussi avec un album du toaster jamaïcain Ranking Joe, enregistré avec le non moins culte duo Sly & Robbie. Un pur disque de rub a dub de l’école classique. Dans le même genre, si vous ne connaissiez pas Jah Thomas, c’est le moment de découvrir cet artiste de la fin des 70′s, avec l’album Music Maker From Jamaica qui rassemble le meilleur de ce toasteur/producteur, en commençant par son irrésistible tube Midnight Rock. Outre-Manche, le pionnier du dub anglais Adrian Sherwood démarre quant à lui sa rétrospective, la série Five Decades of Destruction, avec un volume dédié à ses productions des 80′s, avec du Lee Perry, du African Head Charge ou du Dub Syndicate dedans. Enfin, si vous êtes amateurs de dub borderline électronique et nostalgiques de Maurizio, ne manquez pas l’album Damaged du producteur allemand Ghost Dubs.

RAP (Brice Miclet)

Au rayon rap, c’est d’abord Eminem qui a marqué l’été avec son album The Death of Slim Shady (Coup de Grâce) sur lequel il cancel lui-même son scandaleux alter ego peroxydé qui a fait sa gloire en début de carrière il y a bientôt trente ans. Autre clap final, celui de Donald Glover, qui met un terme à la carrière de Childish Gambino avec son 6e album Bando Stone and The New World – mais on pourra toujours le voir à l’écran pour se consoler. Pour les amateurs du golden age du hip-hop US, la nouvelle de l’été, c’est la réunion de deux mythes, le rappeur Common et le beatmaker Pete Rock sur The Auditorium, premier volume d’une série qu’on aimerait voir durer. OG toujours, avec le retour du roi des rois Rakim, qui se fait plaisir avec une guest list déluge sur G.O.Ds Network – Reb7rth. Autre boss du rap game US, Denzel Curry s’entoure sur King of the Mischievous South Vol. 2 d’un casting qui donne le tournis (A$ap Ferg, Ty Dolla $ign, Ski Mask The Slump God, A$ap Rocky…) faisant de ce nouvel disque un album collectif. On finit avec une nouvelle venue, la rappeuse australienne Elsy Wameyo, qui signe un album aiguisé sur Saint Sinner et montre qu’elle sait aussi très bien chanter.

Milton Nascimento et Esperanza Spalding, Meshell Ndegeocello, Denzel Curry, Sturgill Simpson, Laurie Anderson, Chloe Chua, Ryuichi Sakamoto et Nick Cave, illustration de Jess Rotter.