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Album de la Semaine : David Gilmour - « Luck and Strange »

Avec ce « Luck and Strange » aussi réussi que touchant, David Gilmour montre qu’il a encore de l’inspiration en réserve.

David Gilmour - 2024

S’il est pour la majeure partie du grand public le guitariste qui, avec ce son aérien et cristallin, a porté les compositions de Pink Floyd, David Gilmour a aussi bâti une belle carrière en solo. Il s’est échappé de la bande alors menée d’une main de fer par Roger Waters pour la première fois en 1978, sur un album titré David Gilmour, comme un besoin d’affirmer son identité. Ensuite, il a repris un peu d’air avec About Face en 1984, après les étouffantes sessions de The Final Cut, le dernier album du Floyd avec Waters.

En tout, David Gilmour a sorti cinq albums sous son nom, Le dernier, Rattle That Lock, date de 2015, juste un an après le dernier album de Pink Floyd, The Endless River. On se souvient de la très médiatisée utilisation du jingle de la SNCF dans le cadre du morceau-titre, mais au final, l’album n’avait pas marqué les esprits, car moins inspiré que son On a Island de 2006.

Gilmour est aussi un adepte des collaborations, et il n’hésite jamais à accepter une session en studio. On l’a croisé au fil des années sur les disques de Bryan Ferry, Grace Jones, Pete Townshend ou Paul Mc Cartney. En 2009, il a même travaillé avec le groupe pionnier de la musique électronique britannique The Orb, sur Metallic Spheres, un manifeste psychédélique revisité en 2023.

De toute façon, quoi qu’il fasse en solo, David Gilmour finira toujours par être attendu au tournant lors du passage au live, où le public vient avant tout écouter les tubes du Floyd comme Comfortably Numb, Wish You Were Here, Money ou High Hopes. C’est aussi (et surtout) ça de faire partie d’un groupe de légende. Pourquoi lutter contre l’aura de ce monstre sacré qui aura toujours le dessus ? Si certains s’en accommodent très bien, le musicien a toujours de l’inspiration en abondance et le démontre sur ce nouveau Luck and Strange.

Sortant de sa zone de confort, David Gilmour a décidé de collaborer avec un producteur plus jeune et pas nécessairement impressionné par son bagage mythique, en la personne de Charlie Andrew, connu pour son travail avec Alt-J, Bloc Party ou London Grammar. Un choix gagnant auquel s’ajoutent des travaux réalisés avec sa femme Polly Samson (à l’origine de la majorité des textes) et sa fille Romany.

On retrouve le son du Gilmour qu’on a aimé dans le Floyd avec une production de 2024, et c’est un peu comme si il avait décidé que ce serait dommage de laisser ces riffs au placard. Luck and Strange est à la fois un regard sur le passé (l’instrumental Black Cat d’ouverture et le très joli Scattered long de plus de 7 minutes) et une ouverture sur une musique inspirée interprétée par un homme lucide face au temps qui passe. Un David Gilmour libéré et toujours fringant : l’album à peine sorti, l’homme à la Stratocaster noire repart pour une quinzaine de dates entre septembre et novembre 2024 avant d’annoncer la suite pour 2025.