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Chronique : Kelly Lee Owens - « Dreamstate »

Kelly Lee Owens sort son album le plus onirique à ce jour, « Dreamstate », et réussit encore à marier à merveille euphorie et mélancolie.

Rêver éveillé, c’est bon pour la créativité. Persuadée qu’il faut passer du temps à rêvasser en journée pour trouver l’inspiration, la chanteuse et productrice britannique Kelly Lee Owens en a même fait le focus de son nouvel album, Dreamstate, en référence à cet état de conscience qui permet d’accéder à une sorte de sphère créative, sans doute la même dimension que l’imagination.

C’est à cet endroit, qu’elle fréquentait assidûment durant l’adolescence comme l’assurait sa mère, qu’elle est partie chercher les idées de ce nouvel album, qui fait suite au plus expérimental LP.8 en 2022, conçu alors qu’elle s’était réfugiée à Oslo durant le Covid pour travailler avec Lasse Marhaug, figure de la scène noise et expérimentale norvégienne.

Après cette parenthèse, Kelly Lee Owens reprend sur la lancée d’Inner Song, son album de 2020, et creuse le sillon d’une dance music qui joue à fond les émotions, une sorte d’emo house dont un des fers de lance est Fred Again et qui a le vent en poupe ces dernières années, en parallèle du retour des synthés trance dans l’orbite du bon goût depuis le Covid.

C’est avec ces mêmes sonorités que démarre ce quatrième album,, avec Dark Angel, un morceau instrumental entre mélancolie et euphorie, et Dreamstate, qui démarre comme un morceau de synthpop et finit comme un trip sous acides. Si Owens a clairement un côté pop, le mixage de sa voix est toujours en équilibre et ne prend jamais le dessus sur l’énergie rythmique du morceau – c’est particulièrement bien fait sur Love You Got, à la fois entêtant et dansant.

Owens, qui a été lancée par le DJ londonien culte Erol Alkan, patron du label Phantasy Records, qui a nourri Justice et tout le crew Ed Banger il y a vingt ans, a un pied bien ancré dans le club et elle sait qu’on atteint également le « dream state » sur le dancefloor, les yeux fermés sur un kick techno.

On retrouve cet effet sur Air et Sunshine, des morceaux en « four to the floor », cette fois inspirées par son passage au Berghain, le club mythique de Berlin, où elle était fascinée par les gens qui s’immergeaient pendant des heures dans la musique. C’est ce qui risque d’arriver avec cet album sensible et sans faute.