Chronique : Thee Sacred Souls - « Got a Story to Tell »

Peu après le séisme que fut pour Daptone Records la disparition à quelques mois d’intervalle de ses deux figures de proue, Sharon Jones (en novembre 2016) et Charles Bradley (en septembre 2017), le label de Brooklyn mené par Gabriel Roth et Neil Sugarman a écrit une nouvelle page de son histoire en ouvrant un studio en Californie pour défricher le terreau soul local, dans la ville natale de Roth, Riverside.

C’est ainsi que Roth découvrit Thee Sacred Souls, trio formé en 2019 dont sort aujourd’hui le second album Got a Story to Tell. Une connexion qui sonne comme une évidence : la soul classique, le batteur Alex Garcia et le bassiste Sal Samano, tous deux de San Diego, la connaissent sur le bout des doigts. Biberonnés à la soul depuis l’enfance, ils découvrent leur futur chanteur via son compte Instagram un mois à peine après s’être décidés à faire quelque chose de plus concret des démos instrumentales enregistrées dans leur garage transformé en home studio.

Ils embauchent Josh Lane, originaire de Sacramento, sur la foi d’une seule jam-session et d’une interprétation déjà hors sol de Can I Call You Rose. Un premier tube figurant sur leur premier album de 2022 Thee Sacred Souls, qui marque les esprits et pose les bases de l’ADN musical du trio, une soul suave à souhait, à la fois très ancrée dans la tradition et résolument actuelle dans sa clarté.

Deux ans après, Got a Story to Tell reprend les choses là où Thee Sacred Souls les avaient laissées, Une soul tous azimuts, jusqu’à cette chicano soul qui faisait fureur en Californie du Sud – de Los Angeles à San Diego pour faire simple – dans les années 60.

C’est donc avec un bonheur tout particulier qu’ils ont vu Larry Rendon répondre par la positive à leur invitation de venir saupoudrer de son saxophone ténor I’m So Glad I Found You Baby, le morceau concluant ce second album. Rendon n’est ni plus ni moins qu’un des membres originels de Thee Midniters, légendes du chicano rock et rhythm and blues du East LA des 60′s.

Un petit kif qui vient s’ajouter à d’autres signes montrant l’évolution du groupe, comme une amplitude sonore plus vaste et une assise manifeste. Quant à Josh Lane, même s’il se cache derrière les fleurs sur la pochette, on n’entend que lui, avec sa voix qui mixe l’héritage de Marvin Gaye avec la retenue d’un Terence Trent d’Arby. Autour, Garcia et Samano l’accompagnent de guitares translucides et de basses qui se tortillent (particulièrement sur Waiting on the Right Time). La belle histoire de Thee Sacred Souls continue…