Alors que bien des artistes commencent à tourner en rond après une dizaine d’années de carrière, peinant à pérenniser l’indispensable inspiration, Maverick Sabre, lui, n’en finit plus de publier des albums de plus en plus aboutis. Après son quatrième, Don’t Forget to Look Up, paru en 2022 et regorgeant de pépites soul-pop, voici Burn the Right Things Down, un disque magnifique qui le voit prendre une toute nouvelle dimension artistique.
Ce qui frappe en premier lieu, et c’est suffisamment rare aujourd’hui pour être souligné, c’est l’indiscutable qualité sonore de cet album. Les basses vrombissent doucement dans l’oreille gauche, quitte à être parfois assourdissantes parce qu’elles doivent l’être, créant presque une expérience sensorielle et psychoacoustique, concept trop peu mobilisé dans la musique du XXIe siècle. La chaleur des amplis est palpable, celle du studio d’enregistrement aussi. Maverick Sabre juxtapose à cette production radicale un habillage sonore lui permettant de dédoubler sa voix et de s’extirper des carcans soul dont il peinait alors à se détacher.
Burn the Right Things Down est également le produit d’un vrai compositeur. Des titres tels que Help Me Out ou Beloved dévoilent un chanteur plus sensible que jamais, mobilisant sa grande maîtrise vocale tout en prenant le risque d’être au bord de la rupture et en incorporant des bizarreries émotionnelles. Avec, toujours, ce socle indéboulonnable : les guitares, élément principal de composition, base des arrangements, simplicité qui permet surtout au musicien de déborder de bonnes idées qu’il exploite aisément ensuite. On le sent, le manque d’inspiration ne l’a nullement atteint. D’ailleurs, ce disque est plutôt long mais jamais redondant. La six-cordes peut se faire abyssale, venir bourdonner intensément dans le corps de l’auditeur, provoquant chez lui une envie de butiner ces 16 chansons sans aucun effort.
Elle est désormais loin l’époque où Maverick Sabre, natif de Londres, tentait par tous les moyens d’essorer son audience, de lui tirer la larme à tout prix en surjouant les émotions. Ça n’a pas duré, le temps sûrement de se trouver. Désormais, les sensibilités exacerbées ornent doucement cette voix dont l’aspect magistral n’entame en rien la subtilité. C’est un équilibre difficile à trouver qui prend toute sa consistance dans les morceaux les plus épurés, les belles ballades entonnées par leur auteur. Car ce qui fait également la qualité de cet album, c’est l’impression de pénétrer dans le processus d’écriture de Maverick Sabre qui, c’est une évidence, est à l’origine de toutes les composantes de sa musique. Le résultat n’en est que plus personnel, et plus beau.