Le catalogue du fabricant anglais Audiolab se compose de cinq gammes. La 7000 se situe à peu près au milieu. Toutes disposent d’un lecteur CD et quatre de ces gammes comprennent un lecteur réseau. Il est donc possible de constituer des chaînes Audiolab complètes avec CD, streameur et amplificateur. Des ports de contrôle permettent de les faire fonctionner ensemble et avec une télécommande infrarouge unique.
Les produits Audiolab présentent des caractéristiques physiques récurrentes depuis de nombreuses décennies. Le châssis est peu épais et les commandes sont réduites à l’essentiel. Bien que l’esthétique de chaque gamme soit légèrement différente, il existe clairement un air de famille. En ce qui concerne les streameurs, le modèle 6000N est le plus simple, le 7000N introduit un petit écran couleur et le 9000N profite d’un grand afficheur.
Présentation générale du 7000N Play
L’Audiolab 7000N Play se présente sous la forme d’un appareil Hi-Fi aux dimensions classiques avec ses 44 cm de largeur. C’est de plus en plus rare, les appareils ayant tendance soit à rapetisser, soit à partir sur des formes totalement décalées. Le 7000N Play est disponible en noir ou en gris et saura ainsi ne pas trop se faire remarquer.
La façade épurée accueille en son centre un écran couleur. La découpe dans la façade fait place à une pièce transparente arrondie, mais l’écran derrière est bel et bien carré. Cet écran informatif n’est pas tactile. En cours de lecture, il est personnalisable pour afficher par exemple des vumètres. Sur sa droite se trouvent six touches de fonction pour naviguer dans les menus, modifier l’affichage et rappeler les présélections mémorisées depuis l’application mobile. Enfin, la touche de mise en et hors fonction est située tout à droite.
Malgré une fonctionnalité unique de lecteur réseau, le 7000N Play pèse 5 kg. A l’intérieur, on peut observer sur la droite la présence d’un transformateur toroïdal de bonne section. Il pourrait se trouver dans un petit amplificateur alors qu’il n’a ici aucune puissance à supporter. Associé à l’alimentation juste à côté, c’est une façon de délivrer un courant propre et sans limite à l’électronique.
La carte électronique unique s’occupe de tout. Elle intègre quatre condensateurs de bonne facture et de taille confortable. On remarque sur le dessus une seconde petite carte correspondante à la gestion réseau dans son ensemble, des antennes wi-fi jusqu’à la lecture en streaming. Elle provient de chez Phorus, un fabricant spécialisé dans ce domaine. Un bon quart de la carte générale est dédié à la partie analogique après la conversion par une puce réputée ESS Sabre ES9038Q2M.
Comme nous l’indiquions en préambule, le 7000N Play est un streameur uniquement. Il ne possède aucune entrée pour des sources auxiliaires auxquelles il aurait pu faire bénéficier de son DAC. Il n’y a pas non plus de port USB pour la lecture éventuelle de fichiers sur une clé ou un disque externe. Sur la droite de la face arrière se trouvent les deux types de sorties : deux numériques et une analogique. A côté de la prise réseau RJ45, Audiolab a prévu plusieurs ports techniques pour le contrôle et la mise à jour. D’une part pour interconnecter le 7000N aux autres éléments de la gamme 7000, d’autre part pour piloter directement l’allumage de n’importe quel amplificateur via un trigger 12V.
Utilisation du 7000N Play
La référence de l’appareil indique le nom du système de lecture en réseau retenu par Audiolab : DTS Play-Fi. Il est utilisé par différents fabricants, ce qui permet de faire du multiroom avec des appareils et des enceintes de marques concurrentes. Il n’y a donc pas d’application Audiolab dédiée, tous les réglages sont gérés soit en façade de l’appareil, soit avec l’application Play-Fi.
Mais avant de pouvoir l’utiliser, il faut connecter le 7000N Play à son réseau. Avec une liaison filaire, c’est facile, l’appareil sera immédiatement reconnu par l’app. En ce qui concerne le wi-fi, lorsque le 7000N est allumé et sans connexion réseau filaire, il passe en mode point d’accès wi-fi. Il suffit alors de se rendre dans les réglages wi-fi de son smartphone et de se connecter au réseau temporaire créé par le streameur pour poursuivre l’installation.
L’application DTS Play-Fi a des bons et des mauvais côtés. L’app est vraiment lente à démarrer et à reconnaître les appareils Play-Fi disponibles sur le réseau. En outre, le 7000N se met en veille profonde lorsqu’il est éteint. Il faut donc l’allumer manuellement, l’application ne permet pas de le faire. La navigation dans l’app n’est pas des plus évidentes. Par exemple, lorsque l’on veut piloter le 7000N, il faut le sélectionner puis appuyer sur le bouton suivant, une étape en trop vraiment pas nécessaire.
En contrepartie, dans les bons côtés de cette app, on note la lecture Hi-Res à 24/192, ce dont ne peuvent pas se prévaloir tous les concurrents. Qobuz est intégré nativement à l’app avec la plupart des fonctionnalités. Dans le menu, le choix « Découvrir » donne accès aux nouvelles sorties, aux sélections ou encore aux playlists concoctées par Qobuz. Ensuite, on retrouve ses playlists, ses favoris et ses achats. Le dernier choix dans le menu Qobuz concerne la qualité de lecture qu’il faut régler sur 192/24 pour bénéficier de la Hi-Res. Il faut également l’activer dans l’app Play-Fi au niveau de la sélection des lecteurs, c’est le mode « écoute critique ».
L’écran de lecture affiche le type de fichier et le format. Pour chaque titre écouté, il est possible de l’ajouter à une playlist Qobuz existante ou à ses favoris Qobuz. En revanche, il n’y a aucun contenu rédactionnel autour des albums et des artistes. Il est seulement possible d’être redirigé vers la liste des albums de l’artiste ou le contenu de l’album en cours d’écoute. Lorsque l’on se trouve sur les pages de sélection de musique, les trois petits points sur la droite permettent de gérer la liste d’attente et de créer des playlists propres à l’app Play-Fi que l’on pourra rappeler depuis les présélections du 7000N Play.
A l’écoute
Afin de bien juger de la signature du 7000N Play et du travail apporté par Audiolab dans la conception, le choix des composants et leur implantation, nous avons utilisé le streameur avec son contrôle de volume. Il a été ainsi relié directement à notre amplificateur de puissance SPL s800 et à nos enceintes Dynaudio. Il jouait le rôle de préamplificateur pour lui-même, avec le contrôle du volume dans l’app et depuis la télécommande infrarouge. Le seul réglage audio disponible concerne le choix des filtres numériques habituels agissant sur la coupure dans l’extrême aigu.
Sur l’hommage à Duke Ellington par Al Jarreau et le NDR Bigband, la voix ressort bien en avant avec du poids dans les basses fréquences. Les timbres semblent réalistes dans le haut-médium/aigu, un peu sombres dans le haut grave, ce qui lui donne une rondeur que certains apprécieront. C’est en tout cas un critère à prendre en compte pour l’association avec le reste des éléments de la chaîne. Le 7000N pourrait très bien fonctionner dans les systèmes type monitoring mais il sait aussi donner de la vie à d’autres autour de petites enceintes. Bref, il y a ici de la musicalité qui laisse de côté l’analyse trop poussée, c’est indéniable.
A l’écoute de la Symphonie No. 5 de Schubert, le 7000N transmet à notre système suffisamment de détails dans le médium-aigu pour contribuer à la reconstitution d’une scène large et en arrière des enceintes. Les pupitres sont bien distincts les uns des autres. On retrouve cette jolie sonorité plutôt généreuse dans le bas-médium qui n’appuie pas trop fort dans l’aigu pour des écoutes agréables sur la durée. A nouveau, nous remarquons que le 7000N pourra transfigurer certains systèmes mais en faire peut-être un peu trop avec d’autres. Dans notre cas, l’association fonctionnait plutôt bien.
Nous retrouvons cette rondeur avec le dernier album d’Omar Sosa, mélange de jazz et de musiques cubaines. Les percussions passent excellemment bien, avec de l’impact et de l’articulation. La mise en avant du haut grave empêche peut-être un peu le 7000N d’explorer les toutes premières octaves, ce qui donne quelque chose entre la rondeur et la maîtrise. Ce lecteur n’est clairement pas dans le domaine de l’extrême précision et de la rigueur. Il a choisi la voie de la musique avant tout, du poids appuyé des voix et des instruments pour leur donner de la vie et faire croire à leur présence dans la pièce d’écoute. Un parti pris assumé qui peut ne pas convenir à tous.