C’est sans nul doute le retour au premier plan le plus médiatisé de l’année 2024. Avec From Zero, son premier album avec sa nouvelle chanteuse Emily Armstrong, Linkin Park fait parler de lui comme jamais. La disparition tragique de son chanteur Chester Bennington en 2017, quelques mois après celle de son ami Chris Cornell, avait, semble-t-il, scellé le sort du groupe… ou pas. Car aucun commentaire véritablement limpide n’a été prononcé à la suite des évènements. Quand certains annonçaient jeter l’éponge après la perte d’un membre considéré comme incontournable, d’autres, notamment le management, entretenaient le doute, sans doute pas pressés de lâcher la poule aux œufs d’or. Car Linkin Park était une sacrée machine, souvent remise en question par de nombreux médias à ses débuts, qui n’y voyaient qu’un projet monté sur casting et taillé pour séduire le grand public selon un cahier des charges bien précis. La carrière du groupe a prouvé qu’il était plus que ça.
Quand sort Hybrid Theory, le premier album du combo en 2000, le carton est total. Le nu-metal a pris du plomb dans l’aile, la fusion rap-metal n’est plus à l’ordre du jour, la vague post-grunge peine à relever le flambeau et le punk-rock à roulettes envahit les ondes… Au milieu de ce chaos discographique qui tente de s’offrir une place au soleil, le cocktail délivré par Linkin Park fait mouche. Car le groupe a su piocher çà et là ce qu’il fallait d’influences et les mixer avec une vraie touche plus pop et mainstream pour toucher un plus large public, chose qui lui sera reprochée par de nombreux médias spécialisés à l’époque. Mais le succès est incontestable. Ces mêmes chansons ont déjà traversé plus de deux décennies et sont toujours aussi efficaces, preuve qu’il y avait un véritable savoir-faire derrière tout cela. Car malgré son côté presque trop pro pour être honnête, Linkin Park est, comme de nombreux autres groupes, une aventure lancée par des potes de lycée, Mike Shinoda en tête. Certes, la voix de Bennington, recruté par la suite, va changer radicalement la donne. Mais le projet est déjà âgé de trois ans quand le chanteur se joint à la fête.
Linkin Park règne sur le metal et le rock mainstream avec trois albums (Hybrid Theory, Meteora et Minutes to Midnight) pendant presque dix ans. Les disques suivants ne remporteront pas autant de suffrages mais permettront aux musiciens de continuer à entretenir le feu sur les planches jusqu’en 2017. Aujourd’hui, le retour du groupe après sept ans de discours parfois flous, de rééditions, de compilations et autres albums live, marque les esprits d’emblée pour une raison particulière : la présence derrière le micro de la surprenante Emily Armstrong.
Attaquée d’entrée à cause d’un passé (et toujours un présent ?) dans l’Eglise de scientologie et de ses liens avec Danny Masterson, acteur et membre de l’église en question condamné pour viols sur plusieurs femmes, la chanteuse a dû faire ses preuves rapidement sur scène comme sur disque grâce aux premiers singles sortis par le groupe.
Contre toute attente, le résultat tient la route de manière solide. S’il reste des polémiques à éteindre (les critiques en provenance des proches et de la famille de Chester Bennington, l’absence de certains musiciens remplacés depuis peu, sur scène comme sur album…) les fans ont déjà validé ce nouveau casting. Les 40 000 places mises en vente pour le concert qui s’est tenu à la Defense Arena le 3 novembre 2024 sont parties en quelques minutes et Linkin Park a démontré que la machine n’était pas grippée et que ce nouveau départ était bien l’un des évènements musicaux de l’année.