SVS n’est pas connu seulement pour ses caissons de basse devenus des références dans le domaine du home cinéma. Depuis quelques années, la marque américaine fabrique également des enceintes. Elles complètent les caissons, et vice-versa. La gamme Ultra est supplantée par la nouvelle collection Ultra Evolution. En guise d’évolution, SVS a retravaillé l’ébénisterie de ses enceintes avec une orientation spécifique des haut-parleurs.
La gamme Ultra Evolution comprend trois grandes colonnes dont l’objectif est de concurrencer les modèles équivalents des acteurs de la HiFi établis depuis longtemps. En quelque sorte, SVS veut secouer le marché avec des enceintes performantes proposées à des tarifs raisonnables. Les modèles de bibliothèque sont au nombre de deux : les Bookshelf, objet de notre test, et les Nano, plus petites pour les espaces restreints.
Présentation générale des SVS Ultra Evolution Bookshelf
Avec cette nouvelle « Evolution », SVS améliore sa meilleure gamme d’enceintes, les Ultra. On retrouve une fabrication sérieuse avec des enceintes denses. En tapotant dessus, leur inertie se ressent clairement. Renforcée et amortie, SVS a justement travaillé à rendre inerte l’ébénisterie de ces enceintes. Elle est parée d’une peinture noire ou blanche laquée absolument parfaite. Mais attention aux traces de doigts sur la version noire qui est un véritable miroir ! Alternativement, il existe une version noire en placage chêne.
Mais c’est aussi et surtout la forme spéciale de la caisse qui interpelle. Vue de côté, l’enceinte est comme élancée. La partie basse part vers l’arrière, puis la partie haute redevient verticale. C’est justement ce qui fait l’essence de l’évolution de la gamme SVS Ultra. Car dans l’esprit, ces Bookshelf sont assez proches des modèles qu’elles remplacent. L’évolution est donc liée à l’alignement des deux haut-parleurs. En effet, les fréquences sont séparées en deux : le tweeter s’occupe de l’aigu, le woofer du médium et du grave. Pour une cohérence de la restitution, il faut que les ondes des deux haut-parleurs arrivent simultanément à nos oreilles, comme s’ils ne faisaient qu’un.
SVS a calculé tout cela et est parvenu au résultat suivant : il faut donner un léger angle au woofer et reculer un peu le tweeter pour obtenir un résultat optimal. La forme des Bookshelf dicte leur fonction, et par conséquent leurs performances. Toujours pour améliorer la reproduction de la musique, les faces latérales sont chanfreinées au niveau de leur raccord avec la façade. Le but ici est d’éviter les angles droits susceptibles de créer des perturbations lorsque les ondes omnidirectionnelles s’échappent des haut-parleurs.
Les haut-parleurs sont protégés par des caches en tissu aimantées que nous avons trouvées assez basiques. Ils sont classiques dans leur réalisation et ne contribuent pas vraiment à prouver le degré de technicité insufflé dans les Bookshelf. Ces caches ont l’avantage de rendre les enceintes plus discrètes mais elles les font ressembler à d’anciens modèles Bang & Olufsen des années 80 utilisant ce principe des haut-parleurs orientés. Nous avons préféré les utiliser sans les grilles, d’autant plus que le tweeter est protégé par une fine grille et ne risque donc rien.
Utilisation des SVS Ultra Evolution Bookshelf
La SVS Ultra Evolution Bookshelf est une enceinte de bibliothèque deux voies. Elle est constituée d’un tweeter de 25 mm de diamètre à dôme en aluminium recouvert de diamant. Cette technologie peut parfois faire craindre une mise en avant trop importante des hautes fréquences, ce que nous n’avons pas remarqué à l’écoute. Le tweeter est protégé par une grille sur mesure dont les perforations jouent le rôle de diffuseur afin d’ouvrir l’écoute le plus possible.
Le woofer de 16,5 cm est constitué d’une membrane composite en fibres de verre alliant légèreté et rigidité. SVS présente cette solution comme respectueuse des timbres. Son dôme central est inversé. Il fonctionne de concert avec un large évent de 5 cm de diamètre positionné tout en haut de la face arrière. Le woofer profite d’un volume interne confortable pour une enceinte de cette catégorie.
SVS fourni des petits patins à coller sous les enceintes afin de les installer sur un meuble sans rayer ni celui-ci, ni les enceintes. Il est possible d’acquérir des pieds afin de les positionner à bonne hauteur et de leur offrir toute la respiration nécessaire autour d’elles. Les pieds conseillés de 66 cm de hauteur sont fabriqués par Sanus, une référence dans le domaine des supports pour la HiFi et la vidéo. L’évent étant situé à l’arrière des enceintes, il faudra prévoir quelques dizaines de centimètres d’espace derrière elles en évitant de les coller au mur.
À l’arrière des Bookshelf se trouve un double bornier pour câbles haut-parleurs. Les deux borniers sont reliés par une pièce de métal plaquée or. Si vous utilisez des câbles classiques à deux conducteurs, vous pouvez vous brancher sur le bornier du haut ou celui du bas pour un résultat identique. En revanche, vous pouvez décider de bi amplifier les Bookshelf. Il faut alors utiliser un câble à quatre conducteurs, ou deux câbles haut-parleurs. Cela permet d’amplifier séparément le woofer du tweeter et, pourquoi pas, de sélectionner deux amplificateurs de puissance stéréo différents dotés de qualités distinctes dans chaque domaine.
A l’écoute
Nous avons installé les SVS Ultra Evolution Bookshelf sur un meuble de type enfilade afin d’avoir les tweeters à hauteur d’oreille à notre position d’écoute. L’amplification a été confiée à notre amplificateur SPL s800. Quant à la lecture des playlists Qobuz, elle a été assurée par un streamer iFi Zen Stream via Roon. Les enceintes ont été légèrement pincées et suffisamment éloignées du mur arrière.
Les Ultra Evolution Bookshelf étonnent par leur tenue dans le grave. C’est tendu et précis sans aller jusqu’à la caricature. Sur l’électro de Chizawa Q par exemple, les nappes de basses remplissent la pièce de façon naturelle, sans toutefois aller tutoyer l’infragrave. On sent qu’il en manque un peu dans le bas pour en faire des enceintes complètes. Évidemment, c’est le lot de la plupart des modèles de bibliothèques. Ici, la proposition est claire. Les Bookshelf s’acquittent parfaitement de leur job mais il faudra leur associer un caisson de basse, SVS au hasard, pour aller encore plus loin. Ce qui laisse au passage une belle marge de progression pour ceux qui construisent leur système petit à petit.
Les Bookshelf nous gratifient d’une belle présence des voix à l’écoute de l’album Curyman II du musicien brésilien Rogê. La voix principale se positionne légèrement en retrait mais totalement détachée du reste du message sonore. Cela se fait sans mise en avant exagérée du médium aigu. L’aigu est très fouillé avec la reproduction des microdétails donnant une idée du lieu d’enregistrement. Il participe grandement à la création d’une bulle sonore, comme c’est le cas sur l’album hyper produit d’Enchantée Julia où les sons semblent venir des côtés de la pièce. Cependant, la scène sonore reste toujours stable, bien établie face à nous.
Cette sensation de présence est exacerbée une nouvelle fois sur l’album Ne tuez rien sauf le temps du groupe Z’ondes. Toutes les informations sont là pour nous faire croire que les instruments jouent dans notre pièce d’écoute, avec en plus les voix des musiciens qui continuent à parler au début des morceaux comme s’ils étaient avec nous. Les Bookshelf savent rendre hommage aux meilleurs enregistrements. Nous terminons avec la Symphonie No. 5 de Dvořák par l’Orchestre de Melbourne. Les Bookshelf ne présentent aucune difficulté à établir une large scène sonore bien en arrière où les différents pupitres se répondent. Elles se sortent de cette épreuve complexe avec les honneurs grâce à une excellente maîtrise dynamique et à des timbres agréables dans le médium aigu.